Me revoilà sur terre après un court séjour en enfer…
Où j’étais accueillie, à bras ouverts chez ce diable… le vrai je vous assure, celui qu’on appelle Lucifer…
Après l’hospitalité et tous les gestes de bienvenue qu’on offre aux invités en toute amabilité
Il s’assoit en face de moi et me dit d’un air triste et avec grand émoi : « comment ils vont mes successeurs, chez vous en bas ? Ils s’en sortent bien je n’en doute pas…
J’en ai reçu un, hier soir, l’homme au gros ventre, le nain…
Il m’a raconté ses histoires, du temps où il menait une vie de chien…
Aujourd’hui il a des fortunes et des biens… un vrai pacha, il n’a pas raté son train…
Et toi, tu en es où avec tes odeurs ? Fais gaffe, tu risques de passer ta vie dans la puanteur…
Je te le dis pour ton bien, je suis le diable certes, mais je vais faire une exception, j’ai décidé d’être agréable ce soir… tu veux quelque chose à boire ?… »
Il n’avait rien d’un démon, le visage serein et l’air clément… « Je n’ai pas soif, merci… Vous êtes bien gentil… et puis ce nain dont vous me parlez, je le connais, c’est un voisin… il ne fait que du bien, il a construit une mosquée, et une maison pour les orphelins… en quoi il serait donc votre successeur, vous qui ne faites que malheurs ? »
Il changea l’expression de son visage et je ressentais sa rage… « Mon petit tu es à coté de la plaque, son argent il l’a eu par l’arnaque, il est impure je te l’assure… Où en es-tu avec ton trac ? »
« Monsieur Lucifer, lui dis-je, pardonnez ma question : est-ce bien vous le démon ? Décidément vous m’étonnez agréablement… votre humilité me touche, mais elle me semble très louche !!!… Arrêtez de jouer la comédie, je vous connais assez, “Le diable ne fait pas crédit”… Et si tu me parlais un peu de tes exploits, tu dois en être fier je crois… un péché par ci un péché par là… tu ne t’ennuies pas, surtout que sur terre les Hommes ont perdu foi… ils sont devenus de vulnérables proies… »
Il me regarda un moment et me dit d’un ton sarcastique : « Mon petit tu es pathétique… je vais te faire un aveu avant de te dire adieu, rentre chez toi et ne repense plus à moi, car j’ai pris ma retraite après une accablante défaite… mon adversaire était de taille et j’ai perdu la bataille… alors j’ai fait la passation de consignes… car ce métier là, je n’en suis plus digne…»
Il enchaina en me serrant la main : « Il n’y a pas plus diable que l’être humain… je n’y étais pour rien dans toutes ces guerres… tu n’as plus rien à faire ici, redescends sur terre »